L’équilibre précaire entre santé psychologique et sécurité sanitaire
Par Éric Matteau, président
Nous venons de traverser le printemps le plus imprévisible de nos vies et on s’apprête à passer un été tout aussi particulier. Au départ, l’obligation de travailler à la maison a été reçue positivement par une très vaste majorité de membres. Enfin, on pouvait faire valoir notre capacité à l’autonomie et démontrer que le travail à distance s’intègre parfaitement aux moyens à notre disposition afin d’atteindre nos objectifs et réaliser notre prestation de travail.
Tic-Tac, Tic-Tac… Boom!
Puis le mois d’avril est passé… et le mois de mai lui a succédé, toujours sans nouvelle d’un retour en présentiel. C’est à partir de ce moment que notre équipe a commencé à recevoir des demandes de soutien en provenance de professionnels qui souhaitent un retour sur le campus. Aux premiers abords, les raisons évoquées sont simples : « J’ai besoin de changer d’air et de voir du monde! » C’est effectivement une raison socialement acceptable. Cependant, l’équipe de l’APAPUL est hautement préoccupée par les gens qui sont aux prises avec des problématiques plus complexes et délicates que l’isolement et qui n’en parlent pas.
Qu’en est-il des personnes aux prises avec un climat familial malsain ou pire, de la violence conjugale ? Qu’en est-il des personnes souffrant de dépendance aux jeux de hasard, à l’alcool, aux drogues ou aux médicaments, sans parler des problématiques d’anxiété, de la bipolarité ou des troubles limites de la personnalité ? Toutes ces problématiques bénéficient du cadre et des règles que leur apporte un milieu de travail traditionnel. Certains d’entre nous ont perdu leurs repères et l’annonce par l’Université de maintenir le travail à distance pour les équipes administratives, au moins pour la période estivale, a eu un effet néfaste sur eux.
Vous l’avez vu, il y a quelques semaines, l’APAPUL a tenu une table ronde virtuelle et l’isolement y a été discuté. Notre conseil professionnel a poursuivi les échanges et des statistiques très révélatrices vous ont ensuite été dévoilées sur plusieurs questions portant sur la santé psychologique. En toute fin de semaine dernière, la professeure Caroline Biron, du Département de management, publiait une étude-choc dans laquelle elle révélait que près de 50 des télétravailleurs au Québec souffraient présentement des conséquences de la crise sanitaire.
C’est bien beau tout ça, mais qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
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