Vous l’avez surement lu dans différentes manchettes (surtout au mois de mars), en plus d’une crise sanitaire sans précédent, nous vivons également une crise financière. Les titres à la une des médias d’information semblaient manquer de superlatifs vu l’accumulation, jour après jour, de mauvais rendement. Alors la question : devrait-on s’inquiéter pour la santé financière (et les bénéfices) du Régime de retraite ? Comme pour bien des choses, la réponse n’est ni oui ni non.
La réponse courte : la Caisse de retraite est investie pour passer à travers des crises financières, les travaux des dernières années (restructuration, choix des placements, marges et mécanismes de stabilisation mis en place, etc.) ont solidifié le Régime et la prochaine évaluation actuarielle est due uniquement en décembre 2022. Le comité de retraite regarde la situation chaque mois et aucune action n’est nécessaire pour le moment. Pour être de son temps, « ça va bien aller ! »
La réponse longue… D’abord, il faut savoir que les actifs du Régime sont placés à long terme. Une politique de placement définit le pourcentage alloué à chaque type de placement. Par exemple, pour le volet antérieur (droits avant le 1er janvier 2016), l’actif est investi ainsi :
- 40 % en obligations
- 20 % en actions
- 40 % dans les placements alternatifs (immobilier, infrastructure, placements privés)
Cette allocation (40 %, 20 %, 40 %) a été établie avec des spécialistes en placement pour un horizon d’au moins 15 ans. Lors de cette sélection (faite en début 2019), plus de 1000 scénarios économiques ont été testés pour voir comment évoluerait la Caisse de retraite. De ces scénarios, une attention particulière a été portée aux pires 5 %. Le comité de retraite regarde à long terme, mais tient compte de scénarios économiques défavorables dans le choix de ses placements. Donc, de mauvaises années, le Régime est capable d’en prendre.
Ensuite, un élément très important de la répartition ci-dessus est le poids des actions, qui est le type de placement dont on entend abondamment parler dans les médias. Et pour cause, les rendements sont franchement mauvais. À titre d’exemple, en date du 14 avril, les actions canadiennes (indice S&P/TSX) avaient un rendement de -16,44 % en 2020. Malgré les titres alarmistes, c’est encore loin du -35 % réalisé en 2008. La bonne nouvelle est que le volet antérieur n’a que 20 % d’actions dans son portefeuille. Si on estime leur rendement à -20 % en 2020 et que les autres placements donnaient 0 %, le volet antérieur terminerait l’année avec un rendement de -4 %. Certes, c’est négatif, mais c’est très raisonnable malgré tout.
Mais est-ce que les autres placements vont générer 0 % (et est-ce que les actions vont générer du -20 %)? On n’en a aucune idée. C’est décevant comme réponse, mais l’automne est très loin et nul ne sait comment les choses vont évoluer. On peut tout de même mentionner que les obligations sont beaucoup moins volatiles que les actions et que les autres produits (immobilier, infrastructure, placements privés) sont vraiment investis à long terme. Leur valeur ne fluctue pas au gré des humeurs quotidiennes. Le comité de retraite consulte mensuellement l’évolution de la santé financière du Régime et il n’y a pas lieu de s’inquiéter actuellement, même si le rendement de 2020 tend à être négatif.
Pourquoi ? D’abord par l’exposition réduite aux marchés boursiers, telle qu’expliquée ci-dessus, mais surtout grâce aux différentes marges et mécanismes de stabilisation présents dans le Régime. Sans refaire une présentation des différents éléments, mentionnons simplement que des « bas de laine » sont en place pour annuler ou amoindrir les effets de mauvais rendement.
Est-ce que les bas de laine sont suffisants ? Pour le moment oui. C’est difficile de faire des projections exactes, car plusieurs hypothèses peuvent changer dans une évaluation actuarielle (pas juste le rendement), mais le comité de retraite regarde depuis quelques années des analyses de stress. Ça permet de savoir quels pires rendements épuiseraient nos réserves. Un rendement de -4 % prendrait environ le tiers des coussins. C’est très encourageant.
Mentionnons aussi que le comité a jusqu’à la fin 2022 pour produire une nouvelle évaluation actuelle. Donc si 2020 est moche, 2021 et 2022 pourraient (c’est habituellement ce qui se produit après une crise) produire de bons rendements et ainsi avoir un rendement moyen sur 3 ans (2020, 2021 et 2022) intéressant. À noter que le rendement attendu pour le volet antérieur est de 4,33 % par année.
Pour ce qui est du second volet (droits à partir du 1er janvier 2016), la répartition des placements est très différente :
- 15 % en obligations
- 35 % en actions
- 50 % en placements alternatifs.
Malgré cette allocation plus risquée (qui a été analysée elle aussi en 2018-2019 par des experts en placement à travers 1000 scénarios et en portant une attention aux pires cas), il n’y a pas lieu encore une fois de s’inquiéter pour le moment. Le Régime peut se permettre des rendements négatifs encore plus grands dans ce volet sans qu’il y ait d’impact sur nos cotisations. Les indexations accordées dans ce volet sont maintenues.
En terminant, mentionnons que le contexte actuel génère des opportunités de placement et le comité de retraite espère que nos gestionnaires sauront en profiter.
Une dernière note pour mentionner que, comme nous tous (ou presque), l’équipe du Bureau de la retraite est en télétravail. Quelques activités ont été annulées ou reportées (séminaires de groupe, notamment), mais pour le reste toutes les tâches habituelles sont maintenues et réalisées avec autant de rigueur. Vous devriez d’ailleurs recevoir, d’ici un mois, votre relevé 2019 ainsi que le rapport annuel du Régime.
N’hésitez surtout pas à nous contacter si vous avez des craintes, questions ou commentaires sur l’administration ou la gestion du Régime.
Boris Mayer St-Onge
Président
Comité de retraite du personnel professionnel de l’Université Laval